L’usine des Pink Floyd : vie, mort et renaissance d’un bâtiment mythique

Carmina saa ramirez
Carmina saa ramirez
5 juin 2015
L’usine des Pink Floyd : vie, mort et renaissance d’un bâtiment mythique
Si je vous dis « Battersea Power Station« , vous pensez à quoi ? Pas grand-chose ? Si je vous dis, « mais si, l’usine qui apparaît sur l’album des Pink Floyd ! », vous me répondrez « ah oui ! (mais je ne me souviens plus de l’album) ». Saviez-vous qu’il s’agit de l’un des lieux les plus iconiques de la culture populaire ?Petite histoireLes plus chanceux qui ont pris l’Eurostar depuis Paris avant 2007, ont pu être accueillis par cet incroyable édifice alors qu’ils arrivaient en gare de Waterloo. Aujourd’hui, direction la gare St-Pancras d’Harry Potter, sans passer par la case Battersea Power Station. Snif .Elle fut l’une des premières grandes centrales électriques au charbon d’Angleterre. Plus grand bâtiment en briques d’Europe, la centrale a été construite dans les années 1930, par Giles Gilbert Scott, créateur également de la centrale de Southwark – l’actuel musée Tate Modern, et des célèbres cabines téléphoniques rouges londoniennes. Le site a été fermé définitivement en 1983 et bénéficie depuis d’une jolie reconversion dans le showbiz.Apparitions notablesLa première apparition de la Battersea Power Station remonte à 1936 dans le film d’Alfred Hitchcock Sabotage. MAIS. Il s’agit en réalité d’une maquette et non du vrai bâtiment. Vive la magie du cinéma !
L’album Animals des Pink Floyd (1977) est sûrement le plus gros contributeur à la légende de ce lieu. Un dirigeable en forme de cochon flotte au-dessus de la cathédrale de briques, observant les errances et la décadence de la société. Il s’agit d’une référence au livre La Ferme des Animaux de George Orwell. Symbole bizarre d’oppression et d’émancipation à la fois.
Ce côté un tantinet totalitaire et cette influence des Pink Floyd se retrouvent dans deux autres productions, et pas des moindres. 1984 (1984, Michael Radford), tout d’abord, avec le récit d’une société vivant sous l’œil inquisiteur de Big Brother. L’auteur de 1984 n’est autre que George Orwell, celui qui inspira les Pink Floyd. Plus tard, l’influence de l’album Animals se fera encore sentir dans Les Fils de l’Homme (2006) d’Alfonso Cuarón. Le personnage de Clive Owen rend visite à son cousin au ministère (fictif) des arts, et le cochon volant au-dessus de l’usine est plus qu’un clin d’œil appuyé à l’album des Pink Floyd et à ses thématiques.
Plus drôle, dans Nanny McPhee et le Big Bang (2010, Susanna White), quand la super Nanny arrive à Londres en moto, l’image d’Épinal station + cochon est vue en arrière-plan.
La Battersea Power Station est utilisée d’une manière plus sophistiquée dans un film se déroulant encore dans une Angleterre fasciste, dans Richard III (1995, Richard Loncraine). Elle fournit la scène de fin grandiose où, en terrain militaire, le héros malfaisant périra quelques minutes après avoir déclamé « Mon Royaume pour un cheval »… dans une voiture au milieu des bombes.
Il n’y a pas que l’extérieur du bâtiment qui réjouisse les cinéastes. Les intérieurs peuvent être vus dans les productions les plus improbables, comme Macgyver ou dans le film Le Sens de la Vie des Monty Python (1983, Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes), dans une interlude nommée « Trouver le poisson ».
Les intérieurs sont aussi mis à l’honneur dans L’imaginarium du docteur Parnassus (2009, Terry Gilliam)
Ou dans l’épisode 1 de la saison 2 de SherlockUn scandale à Buckingham, lors des retrouvailles avec la sulfureuse Irene Adler.
Plus inattendu, ce temple de l’électricité apparaît dans deux films comme décor « à contre-emploi » (c’est-à-dire où l’on ne reconnaît pas le lieu) :Le premier : The Dark Knight (2008, Christopher Nolan), après la mort de sa bien-aimée, Batman semble se recueillir dans un endroit en feu. Il s’agit encore une fois des intérieurs de la station, filmé à l’aube et qui permet de bien voir l’échelle gigantesque du lieu.
Le deuxième : Le discours d’un Roi (2010, Tom Hooper) où l’intérieur de l’usine est utilisée comme station de contrôle de la BBC.
Recyclage ultimeQu’en est-il de la Battersea Power Station aujourd’hui ? Décor de films, de séries, de jeux vidéos, de clips, de pochettes d’album (oui les Beatles, Muse et Cure sont aussi par là). Évidemment.Et demain, après 30 ans de tergiversation, l’usine sera au cœur de l’un des plus grands chantiers urbains au monde. En 2012, un consortium malaisien rachète les 17 hectares du site avec l’ambition d’en faire un nouveau quartier londonien, une ville dans la ville, abritant des commerces, un hôtel, un cinéma, des bureaux, des restaurants et des logements premium signés Franck Gehry ou Norman Foster. Un nouveau « joyau de la couronne », selon David Cameron himself. Ouverture prévue fin 2016.Pour les déjà nostalgiques, voici un lien vers une vidéo réalisée avant le début des travaux, au printemps 2014.
 
Se connecter avec Google
Continuer avec Google